Après plus d'un expérience avec le pinephone, j'avoue avoir calé en août 2022, date d'une mise à jour assez catastrophique qui rendait l'appareil quasi inutilisable (sauf en ligne de commande!). Bref, il était temps d'avoir un truc qui marche!
/e/os Murena
J'ai donc trouvé cette alternative, entre 'qui marche' et 'qui ne raconte pas ma vie à toute la planète'. Le système /e/os (amusez-vous à taper ça dans un moteur de recherche!) n'est autre qu'un Android (Leneage OS) sans surcouche Google et surcouche constructeur. Autant dire que ça reste basique! Mais ça marche très bien, et l'autonomie de la batterie s'en trouve renforcée. /e/os propose un magasin d'application assez malin qui combine le Google Play en mode anonyme et F-Droid qui permet de trouver plein d'applications open source super bien foutues. Chaque application a un score en matière de confidentialité : TikTok obtient ainsi un score de 4/10, le journal Le Monde de 0/10 et la messagerie Telegram 8/10. Au moins, vous êtes prévenu! Concernant les mises à jour des applications, elles se font automatiquement.
La connexion sur un réseau domestique se passe très bien via le wifi avec une application qui s'appelle SSHelper, qui permet comme son nom l'indique d'utiliser ssh.
Pour la confidentialité, l'appareil se connecte automatiquement à un vpn : ce dernier est très efficace, mais du fait qu'il utilise thor, certains sites internet bloquent la connexion.
Pour le cloud (nextcloud), la configuration de l'appareil se rapproche de la solution proposé par Apple : sauvegarde des contacts agenda photos et contenu du téléphone sur serveur. Les 5 premiers Go sont gratuits. Au delà, il faudra payer un petit peu. Je pense que c'est comme ça que /e/fondation se rémunère car oui, leur système est en libre distribution. Sinon, vous pouvez de base utiliser votre propre cloud si vous en avez un.
La fondation commercialise ses propres téléphones, mais rien ne vous empêche de l'installer vous même sur votre propre appareil : de nombreux modèles sont supportés (Samsung, One+, Pixel 4 et 5 etc...).
Le FairPhone 4
Au delà du prix prohibitif de cet appareil, je l'ai choisi dans la mesure où la /e/foundation l'a utilisé pour son développement, mais surtout parce qu’il était près à l'emploi. L'autonomie est très bonne (jusqu'à 5 jours dans mon cas), le téléphone téléphone, il envoie des messages, me sert de gps (j'utilise Organic Maps, qui est un fork de l'application maps.me), me permet de lire le journal, podcaster, écouter de la musique, tout ça sans bug! L'appareil photo est très correct même si il n'est pas aussi bon que ce peut proposer la marque à la pomme. Mais là où réside l'intérêt de cet appareil, c'est qu'il est entièrement démontable et réparable avec un petit tournevis, et un petit peu de dextérité. Pour le côté écologique, je passe mon chemin, sinon qu'il est garanti 5 ans ce qui est sûrement une bonne chose pour l'environnement, et que le constructeur garantit la disponibilité des pièces durant cette période.
Pour aller plus loin
Quel est cet engin? La photographie ci-dessus montre un vulgaire smartphone. Il est vrai que l'objet en a toutes les apparences. D'ailleurs, il permet de téléphoner avec plus ou moins de succès, de se connecter à Internet... Bref, il s'agit bien d'un phone, un phone qui n'a rien de smart! Le PinePhone a été développé aux Etats Unis par une équipe de geeks passionnés (pine64.org) et en ai actuellement à la phase beta. Cet appareil sort régulièrement en séries limitées, 5 000 pour chaque édition. A ce jour, il doit y avoir 30 000 PinePhones dans le monde. Le site de pine64 propose également des pièces de rechange : vous pouvez remplacer votre batterie ou l'appareil photo assez facilement. Cet appareil mobile est open source : libre à vous de choisir un système d'exploitation pour le faire fonctionner. Par ailleurs, vous pouvez le démarrer à partir d'une simple carte SD, ce qui permet de tester plusieurs systèmes. Car oui et c'est une bonne nouvelle, il y en a plein de système d'exploitation disponibles pour le PinePhone : postmarket OS, lune OS, UB-Ports, Sailfish OS et plus récemment Mobian, basé sur la célèbre distribution Debian. La moins bonne nouvelle, c'est qu'aucun d'entre eux n'est encore exploitable. Pour ma part, j'ai choisi Mobian qui est la distribution la plus proche de mon parc informatique. Par ailleurs, les dépôts proposent pas moins de 50 000 logiciels. L'interface est Phosh, une sorte de Gnome pour smartphone. Question design, Phosh rime avec moche... mais il fait le job.
Alors c'est comment un PinePhone au quotidien?
Ben, c'est un peu comme un enfant que l'on a adopté : on l'éduque, on l'envoie à l'école (il apprend tous les jours de nouvelles choses grâce à sa mise à jour journalière), on le voit grandir (tous les jours un nouveau jouet, ou un bug), et on le gronde quand il fait des bêtises! Et oui, hier, il refusait de se mettre en veille, ce qui a vidé la batterie en à peine 4h sans utilisation. Avant-hier, c'était le modem qui hibernait de manière définitive pour la journée. Conséquence: pas d'appel ou de sms de la journée. Bref, c'est l'appareil idéal pour une cure de désintoxication aux outils numériques. Mais on a toujours plaisir à le retrouver tous les matins après sa mise à jour car c’est l’aboutissement réussi d’un nouvel outil… ou l’apparition d’un nouveau bug ! Tout le charme est là, et c'est pour ça que je l'aime bien mon PinePhone!
Ce qui marche... ou pas
Acheté au mois de décembre, j'ai attendu avril de l’année suivante pour y insérer ma carte sim.
Le téléphone permet de passer des appels, et depuis peu de recevoir des appels en ayant le temps de décrocher (plus besoin de taper le code à 6 chiffres avant de voir s’afficher le bouton de prise d’appel!). Il permet d'envoyer / recevoir des sms textes : pas de MMS encore, mais on peut insérer des smileys! Le navigateur internet permettant de s'affranchir des pubs avec un équivalent à la liste de UBlock Origin n'est pas très performant : en clair, ça rame! Coté messageries, seul Telegram fonctionne. Je crois savoir qu'il existe un projet pour développer également un client Signal. Côté applications, j'utilise Flux qui permet de suivre des flux RSS, Podcasts qui comme son nom l'indique permet de télécharger et écouter mes émissions radio préférées, Lollyloop qui était le lecteur audio de Firefox OS et qui me permet d'exploiter les 60Go de musique contenus dans la carte SD. L'appareil photo avec ses 8 millions de pixels ne fait pas de miracles, et l'application qui l'exploite est tout aussi médiocre. Enfin, pour découvrir le monde, j'utilise Puremaps couplé à OSMScout Server qui permet de télécharger des cartes à l'avance. Puremaps affiche les tracés GPX, ce qui permet de faire de belles randonnées. Le seul hic reste l'exploitation du GPS, qui lorsqu'il ne marche pas ramène la carte sur Paris Notre Dame alors que vous êtes précisément au milieu des bois! Concernant la connexion aux nuages (pardon, le cloud), il est connecté à un compte Nextcloud, et les opérations basiques (contacts, agenda, todo) fonctionnent bien. Par contre, l'agenda étant celui de Gnome Desktop, est une véritable torture à utiliser tellement les cases sont petites. Des outils sont à disposition pour se connecter également à un compte Google ou Microsoft.
Une alternative à Androïd ou IOS?
Pour les gens qui communiquent avec vous, avoir un PinePhone au quotidien vous ramène à l'ère des téléphones à clapet... Bref, vous êtes devenus un dinosaure. Certes sous son aspect contemporain, le PinePhone paraît en accord avec le XXIème siècle, mais il est en réalité un ordinateur déguisé en smartphone. Il devient ainsi un membre à part entière de votre réseau informatique, avec toute la souplesse que cela implique. A ce niveau là, je reconnais être vraiment comblé. Néanmoins, la mise en réseau avec les autres humains s’avère impossible dans un monde dominé par les ‘applis’. Donc, il faut oublier Facebook, Whatsapp, Instagram, VoyagesSNCF, Ubert et tous les assistants de Google. Ce n’est pas un mal en terme de préservation de la vie privée, mais il vaut mieux garder un vieux smartphone avec l’appli de sa banque, ne serait-ce que pour valider un virement. Certes, vous éprouvez une certaine fierté à ne pas héberger un espion dans votre poche quand vous vous promenez, mais concrètement, vous êtes devenu un néandertalien du digital pour vos amis (à moins qu'il ne communique avec Télégram) et il vous faudra vous rendre à un guichet SNCF faire la queue avec les gens de 60 ans et plus pour voyager! Le PinePhone n’est donc pas une alternative à Androïd ou IOS, mais d’avantage un choix partisan. Ce qui me plaît le plus dans cette alternative est de voir jour après jour une idée qui prend forme, conçue dans le seul but de rendre service à son utilisateur.
Pour aller plus loin
Une série passionnante sur nos données numériques en 4 épisodes à écouter en podcast sur France Culture
Episode 1 : Le capitalisme de surveillance
Smartphone, Sites Web, Objets connectés, tous récoltent des données sur ma vie privée. Mais à qui et à quoi ces données servent-elles? Et finalement cette surveillance numérique est-elle vraiment problématique?
Épisode 2 : Géopolitique de la surveillance numérique
Depuis quelques temps, je regarde mon portable Huawei d'un œil soucieux. Et si les services secrets chinois s'en servaient pour m'espionner? Ou bien les Américains? Ou les services français? Et d'ailleurs comment font-ils tous ces États pour surveiller internet?
Épisode 3 : Dans les allées de la safe city
Même lorsque je n'utilise pas mon smartphone ou mon ordinateur, mon visage, ma démarche, mes déplacements sont scrutés par des caméras intelligentes qui alimentent des algorithmes de surveillance. La technologie peut-elle rendre les villes plus sûres?
Épisode 4 : Échapper à la surveillance
Un maquillage anti-reconnaissance faciale, une technique de camouflage pour mes recherches sur le web, une formation en chiffrement de données, je ne recule devant rien pour échapper à la surveillance des algorithmes.
Pour aller plus loin
LSD la série documentaire sur France Culture
Le mois de mars 2020 avec son confinement et l'arrêt de l'économie a créé l’opportunité pour moi de basculer mon environnement de travail de windows 7, désormais obsolète, à Linux. Comme beaucoup de monde, j'ai consulté l'ami youtube pour savoir comment ça s'installait. La toile regorge d'adolescents boutonneux ayant soif de partager leur savoir. Aussi je suis tombé sur la distribution Linux Mint avec l’environnement de bureau Cinnamon. Installé en à peine 20 minutes avec toute une suite logicielle, l'ensemble marche à la perfection. Au passage, on découvre que son ordinateur possède un processeur et de la RAM: 20 secondes au démarrage contre 5 minutes avec Windows, le pingouin laisse loin derrière lui la fenêtre colorée! Côté matériel, pas besoin d'entamer des fouilles archéologiques pour trouver le pilote de l'imprimante, scanner... Tout est détecté et immédiatement fonctionnel. Magique!
Cinnamon est très proche de l’utilisation de windows 7 : aucune difficulté pour le prendre en main. Cette distribution propose d'office un client mail, un navigateur (Firefox), la suite Libre Office et un tas d'outils bien pratique.
Monter un serveur web n'a présenté aucune difficulté car identique au serveur que j'utilise (Debian). Néanmoins, monter un partage réseau avec plusieurs PC est plus complexe, même si toutes les machines fonctionnent sous linux. Enfin, il a fallu se mettre à la ligne de commande et aux scripts, permettant de bien me faciliter les choses. Concernant l'offre logicielle, on trouve tous les logiciels libres que l'on a dans les autres environnement. Le seul hic vient des logiciels commerciaux (suite Adobe, logiciels comptables...), indisponibles. Certes, il existe une multitude de logiciels d'images (dont certains très pointus), mais aucun n'est aussi complet que Photoshop.
En conclusion, l'expérience est très positive. Le système est puissant, stable, mis à jour très régulièrement apportant quelques petites évolutions intéressantes. Mais au delà de l'utilisation, ce qui me plaît peut-être le plus est la philosophie linux, bien différente des OS commerciaux. Ce système est avant tout communautaire, des êtres humains qui développent plein de logiciels pour d'autres humains (je crois que c'est en partie la notion du terme Unbutu venu d'Afrique du Sud).
Pour aller plus loin